vendredi 30 avril 2010

Côté jardin

Je suis arrivée aux alentours de Bordeaux dimanche après-midi.

A mon grand soulagement, le voyage ne s'est pas déroulé dans le compartiment situé à côté de l'espace enfant, contrairement à ce qui était indiqué sur mon billet (je bénie l'erreur informatique cette fois ci ^^).

Autre bonne surprise, j'ai découvert un soleil radieux, même encore plus chaud que celui brillant sur le vieux port étant donné qu'il n'y avait pas de vent.

D'ailleurs, le miracle dure depuis plusieurs jours, au point que j'ai pu me mettre en short sans collants!

A croire que les autochtones n'ont jamais vu une paire de jambes en avril, puisqu'un type installé au café avec sa bande de potes dégénérés a cru me photographier discrètement, sauf que son portable a fait un bruit d'enfer quand il a pris la photo (VDM pour lui surtout à 35 ans passés ^^)!

Bref!

Pour reprendre le fil du récit dans un ordre chronologique décent, j'ai posé tranquillement mes bagages le dimanche aprèm et aucun événement marquant n'a bouleversé la journée (Si l'on excepte l'attaque du frelon asiatique! Ça vous intéresse l'attaque du frelon asiatique? On sort de la parenthèse du coup!).

Bon, alors en vrai, c'était plutôt le vol pépère du frelon asiatique débile mais il était tout de même ENORME!

J'ai puisé dans mes dernières onces de courage (ma quantité de courage est inversement proportionnelle à la distance, la taille et le nombre d'insectes dans les parages) pour courir pliée en deux, comme sous une rafale de balles, jusqu'à la baie vitrée et l'ouvrir en grand.

L'animal, n'ayant rien à envier à l'intellect moyen des mouches, n'a pas saisi sa chance de retraite et il est donc finalement mort sous le jet d'insecticide dirigé par ma grand mère.

Donc mis à part cette bataille épique, aucun fait notable n'a marqué ce premier après-midi.

Le lendemain matin, la douce sonnerie du téléphone a retenti à travers la maison me réveillant au passage.

Mamie a décroché, en mettant le haut-parleur, ce qui m'a offert l'insigne privilège d'entendre l'intégralité de la conversation.

A l'autre bout du fil se trouvait une voisine mais pas n'importe quelle voisine...il s'agissait de la Bree Van de Kamp des jardins!

Elle téléphonait pour obtenir la permission de passer dans le jardin de Mamie afin d'égaliser sa haie.

Mamie, sachant qu'elle obtiendrait d'elle une oreille compatissante, en a profité pour glisser au passage une longue litanie sur son pauvre jardin abandonné.

Personnellement, je trouve le côté un peu fouillis du jardin de Mamie autrement plus agréable que les massifs au carré de Madame Bosquet (son nom est réellement un synonyme du mot bosquet à croire qu'elle a épousé son mari exprès pour ça).

De là notre Bree florale s'est insurgée qu'enfants et petits-enfants de Mamie ne soient pas occupés jours et nuits à lui bâtir un véritable jardin à la française digne de Louis XIV.

En ce qui me concerne, je suis incapable de m'occuper d'un jardin...

Autant j'ai le feeling avec les animaux, autant je suis certaine que la végétation doit faire des micro-mouvements invisibles à l'œil nu pour s'éloigner de moi comme d'une flamme.

Même en y mettant la meilleure volonté du monde, j'oublie de les arroser, elles font parties du décor et c'est justement quand le décor se barre en sucettes que je réalise qu'il serait peut-être temps d'hydrater ces malheureuses.

Je suis incapable de me rappeler du nom des espèces de fleurs et pire il m'arrive de les confondre avec de la mauvaise herbe lorsqu'elles ne sont pas fleuries!

Autant dire que mis à part arroser au jet pendant l'été, je ne risque pas de contribuer à grand chose pour donner de la vie au jardin...

En revanche, mon côté nocif pour les végétaux prends tout son intérêt lorsqu'il est canalisé contre l'herbe via le maniement de la tondeuse!

Je me sers d'ailleurs régulièrement de cet instrument quand je suis en vacances chez Papi & Mamie et les réflexions matinales de Madame Bosquet m'ayant piquées au vif, j'ai décidé de tondre la pelouse le jour même!

En fin d'après-midi, je me suis attelée à la tache.

J'ai beau avoir passé la tondeuse des dizaines de fois, pour Papi et Mamie on dirait que c'est toujours la première fois!

Cela se traduit chez chacun d'eux par deux comportements différents, où je préfère voir un comique de répétition, sinon je m'égorgerai illico avec la lame de la tondeuse!

Mamie me tourne autour, en me regardant comme si j'étais une petite chose fragile à deux doigts de tomber en pâmoison, en s'assurant au moins une bonne dizaine de fois que ça ne va pas trop me fatiguer, que je ne vais pas me faire mal etc...

Papi quant à lui a du mal à me déléguer le travail...

C'est plus fort que lui, il faut qu'il me ré-explique à chaque fois le fonctionnement de la tondeuse qui n'a pourtant rien d'un gadget à la James Bond.

J'ai droit au traditionnel: "N'oublie pas de lever la tondeuse au démarrage pour permettre à la lame de prendre de la vitesse!" (consigne que j'aurais du mal à oublier, étant donné qu'une étiquette sur la tondeuse avec la mention ATTENTION me le rappelle), puis Papi me scrute attentivement les cinq premières minutes (qui du coup me paraissent durer une éternité) et revient voir l'avancement des travaux de temps en temps.

En arrivant du côté de chez Mme Bosquet, j'ai regardé sa haie taillée au carré, en repensant à la fois où j'avais aperçu sa tête dépassant de derrière sa fameuse haie et m'observant tailler la pelouse d'un air pincé.

Cette anecdote charmante m'était à peine revenue à l'esprit que j'ai perçu une présence derrière moi!

Je me suis retournée et qui ai-je vu?!

Mme Bosquet munie de son escabeau et passant par dessus la clôture!

Tout sourire, elle m'a annoncé qu'elle venait retoucher sa haie de notre côté (dire que je croyais qu'elle l'avait déjà fait).

Nous avons échangé quelques banalités d'usage, tandis que je me demandais intérieurement ce qu'elle allait bien pouvoir couper!

J'ai réamorcé la tondeuse (sans oublier de la lever) et poursuivi ma tâche ô combien passionnante.

Bree étant occupée à scruter sa haie, tout se serait passé pour le mieux si l'engin (la tondeuse, pas l'échappée de Wisteria Lane) ne s'était pas mis à caler systématiquement!

Au bout d'une dizaine de minutes, excédée et m'imaginant l'air narquois de Mme Bosquet, je suis partie en furie retourner le garage pour trouver du chatterton me permettant enfin de fixer le câble d'alimentation qui ne cessait de tomber!

Une fois le jardin débarrassé de l'herbe, je suis passée dire je-ne-sais-plus-quoi à Mamie qui se trouvait justement en train de papoter avec la virtuose du coupe-haie.

Mme Van De Kamp n'a pas pu s'empêcher de me demander si j'avais fini de tondre... comme si ça ne se voyait pas!!!

Bizarrement, malgré son obsession du jardin impeccable et le fait qu'elle n'ai pas d'animaux, elle semble bien les aimer (autrement que dans son assiette ^^) ce qui la rachète à mes yeux et lui a évité de finir écrasée par la-dite tondeuse (encore qu'elle aurait bien trouvé moyen de s'éteindre au moment fatidique)...

1 commentaire:

  1. Je ne pensais pas qu'un jour quelqu'un parviendrait à me passionner avec le récit d'une aprem-tondeuse. Cela dit j'ai pas pu m'empêcher de me bidonner en imaginant les ptites plantes faisant d'imperceptibles sauts et imaginant des stratégies machiavéliques pour te fuir...
    Visiblement l'effet Livia est fatal pour le végétal moyen ^^ sauf dans ton assiette, où il est plutôt tranquille :p

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