jeudi 4 février 2010

A bicyclette

Depuis mes 18 ans, je suis censée me lancer dans l'aventure du permis.

Toute ma famille m'encourage à corps et à cris à m'inscrire à l'auto-école, en proposant même de m'aider financièrement, mais rien à faire...

De temps en temps, ça me prends, je décrète que cette fois c'est la bonne, je commence à me renseigner sur les différents établissements et puis RIEN!

Les brochures disparaissent dans les strates de papiers qui couvrent mon bureau et si par malheur je tombe dessus quelques mois plus tard, c'est pour mieux réaliser que les prix ont encore augmentés...

Mais pourquoi est-ce que je ne me décide donc pas à apprendre à conduire?
  1. Je vis dans une grande ville à cinq minutes d'une station de métro qui me permet de me déplacer à peu près dix fois plus vite qu'une bagnole prise dans les bouchons! 
  2. J'ai un superbe abonnement illimité dans les transports en commun (au lieu de me coûter un bras comme l'essence d'une voiture, il se contente de me coûter une main).
  3. Je suis incapable de me représenter un avenir sérieux de façon concrète, pour moi c'est carrément mission impossible! Du coup quand on me dit « Tu en auras peut-être besoin dans ton futur boulot. », ça me paraît aussi tangible et inquiétant que les prédictions apocalyptiques pour 2012, c'est dire! A la rigueur, ça me paraitrait tout aussi irréaliste mais bien plus motivant si vous me disiez « T'en auras peut-être besoin si tu croises Louis Salinger (le héros du film L'enquête).»!
  4. Le seul endroit où la voiture pourrait m'être utile, c'est dans la petite ville où vivent mes grands-parents (le genre d'endroit où il y a un bus toutes les heures dont le dernier à 19h). Seulement dans ma famille les gens ont une telle longévité qu'on pourrait croire qu'ils descendent des hommes du Rohan (ma mère a fait des recherches généalogiques dans sa jeunesse et non ce n'est pas le cas, pourtant j'aurais bien aimé être une descendante d'Eowin). Du coup à 95 ans, Papi, toujours en pleine forme, conduit encore sa fiat punto me donnant par là même une raison de plus de ne pas avoir le petit papier rose.

Quand je dis « conduit », je devrais dire « conduisait » car depuis dimanche, il a du se résoudre à confier la voiture à ma tante Dédé.

Comme elle ne revient pas avant samedi, et Papi & Mamie n'ayant pas encore pris l'habitude de faire les courses d'une semaine sur l'autre, nous nous sommes retrouvés le frigo vide dès mardi (imaginez mon effroi)!

Je pensais partir faire le plein de provisions en bus, quand Papi a eu l'idée de ressortir le vieux vélo de ma mère.

Prête à tout pour échapper à la joie de faire les cents pas dans la minuscule galerie marchande, d'attendre assise au troquet du coin ou de poireauter dans le vent, en attendant que le bus de l'heure daigne se pointer (avec une latitude allant de 5 min d'avance à 10 min de retard), j'ai accepté avec enthousiasme.

Aussitôt dit, aussitôt fait!

Papi a sorti le vélo et déniché des tendeurs dans le cabanon, tandis que je montais au grenier récupérer la glacière à fixer sur le porte-bagages.

Chacune de mes expéditions au grenier à de quoi porter à rire!

Je monte à l'échelle une main s'accrochant aux barreaux, une autre tenant la lampe torche.
Au début de l'ascension, mon équilibre étant relativement précaire, je crains un peu de me casser la gueule mais au fur et à mesure que j'arrive à hauteur du grenier ça devient le cadet de mes soucis!
Je commence alors à balayer frénétiquement l'espace autour de moi à la lueur de la lampe, prête à sauter de l'échelle, quitte à me casser une cheville, si le moindre arachnide fait mine de venir vers moi!
Une fois que la voie me semble dégagée de toute araignée, je me jette sur l'objet à récupérer, avant de redescendre en quatrième vitesse.

La glacière récupérée de cette façon, est venu le moment de la fixer au porte-bagages.

Papi étant à peine plus bricoleur que moi mais ayant heureusement le sens du l'humour, c'est en riant beaucoup et en manquant nous crever les yeux une dizaine de fois que nous sommes parvenus à installer correctement les tendeurs.

Après avoir fait deux ou trois tours de jardin pour me familiariser avec les grandes roues super fines de ce vélo de ville d'antan, je me suis élancée sur la route.

Avec ma glacière, mon allure ne devait rien avoir à envier à celle de certains livreurs de pizza marseillais, mis à part qu'eux sont au moins en scooter!

Le trajet jusqu'au supermarché s'est déroulé sans encombres, même si j'étais à peu près aussi détendue que la canichette Georgette sur la mobylette derrière Tito (pour ceux qui n'ont pas suffisamment vu les classiques Disney durant leur enfance, il est temps de revoir Oliver & compagnie).

Une fois le vélo laissé sur le parking, non sans m'être battue avec l'anti-vol (mis à part dans l'imagination de Papi, je me demande bien qui pourrait vouloir le voler), je suis partie faire les courses.

Au retour, j'ai réinstallé prestement (si si c'est vrai) la glacière, et au moment d'opérer un demi-tour pour partir, celle-ci a basculé sur le côté et s'est retrouvée à pendouiller sur le flanc du vélo.

Après dix minutes passées à me battre pour tout réinstaller sous l'œil bovin des passants, j'ai repris la route m'attendant à tout moment à ce qu'une voiture me signale que je jouais au petit poucet avec les courses.

Ce petit voyage riche en émotions et voué à se reproduire régulièrement à l'avenir me laisse deux options: soit je fais des réserves de vodka celle ci me donnant l'âme d'une cycliste de l'extrême (quand on est capable de "faire Titanic" sur le guidon d'un vélo zig-zaggant car conduit sans les mains par le copain de l'époque complétement torché, je crois que l'aller-retour jusqu'au supermarché n'est plus un problème), soit je me décide enfin à passer le permis...

Mon foie a choisi, moi pas encore!

2 commentaires:

  1. Livia sur un vélo !! J'aurais tué pour voir ça !!
    Comme quoi la faim pousse vraiment à faire des miracles ;-)

    sinon je suis comme toi, à retarder le moment de m''inscrire au permis, sauf que là, de voyager tous les jours vers martigues, passer 3 heures aller/retour dans le bus plus ou moins chauffé, je commence vraiment à envisager de le passer
    Et mon foie n'a pas d'argument aussi valable que le tien et son amour pour la vodka ;-)

    RépondreSupprimer
  2. Inutile de tuer, il suffit de venir en vacances à Libourne encore que... Selon qui tu propose comme sacrifice, j'accepterai peut-être de faire du vélib à Aix ;-)

    RépondreSupprimer